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Gilles-Marie ZIMMERMANN : Pins 1968-1978
Grâce à ses récits de l’Illiade et de l’Odyssée, un enseignement exigeant et bienveillant, et quelques heures de colle, Alain SCHRICKE m’a ouvert le chemin de la réussite, par Gilles-Marie Zimmermann (Pins 1968-1978).
Malgré une cécité presque totale, Alain SCHRICKE avait réussi à dépasser l’image que je donnais d’un petit garçon dyslexique, gaucher contrarié, sérieusement perturbé par la séparation de ses parents et voir en moi, contre tout espoir un possible gagnant. Tous les matins, qu’il pleuve, qu’il vente ou qu’il neige, Monsieur SCHRICKE, professeur de lettres et d’histoire de 1952 à 1982, arrivait sur sa mobylette, forçant malgré quelques ricanements plus enfantins que cruels, l’admiration de ses élèves.
Si son nom résonnait parfois, comme un rappel à l’ordre sec et froid, l’homme était tout le contraire ; un humaniste, nourris à la Grèce antique, son histoire sa mythologie et ses temples. Tout ce qu’il avait appris au cours de brillantes études était resté gravé à jamais dans une mémoire exceptionnelle, et cet helléniste hors norme, maitrisait le grec ancien avec une aisance déconcertante. Je me souviens, de l’avoir autant admiré que craint. Il donnait ses cours sans note, racontait avec les envolées d’un tribun sur l’agora, le récit de l’Illiade et de l’Odyssée, ce qui ne pouvait que captiver, l’enfant un peu perdu que j’étais à l’époque.
Alain SCHRICKE (le savait-il ou pas à ce moment-là), avait entrepris de me sortir du mauvais pas dans lequel je m’enfonçais chaque jour un peu plus. Chacune de mes nombreuses indisciplines et des notes désastreuses me valaient des heures de colle, et l’impossibilité de retrouver ma mère le week-end à Paris, ou qu’elle vienne me chercher pour un déjeuner à Verneuil ou à l’Aigle. Je n’ai pas le souvenir du nombre d’heures passées sur des devoirs à refaire, des leçons à apprendre, enfin ! De l’épicurien que je croyais être à tort, Monsieur SCHRICKE voulait faire de moi un spartiate. Mais ces punitions à répétition me laissaient le goût amer de l’injustice.
Jusqu’au jour où, l’Ecole étant ouverte aux parents, ma mère décida de venir pour demander quelques explications à ce professeur, qui l’impressionnait comme la plupart des parents, et qu’elle jugeait trop sévère. J’assistais à leur rencontre, et à mon grand étonnement je vis mon professeur sourire, et répondre à ma mère d’une voix posée, plus douce qu’à l’accoutumée, mais déterminée : « Votre fils, Madame, doit peut-être faire plus d’efforts que les autres, mais c’est à sa portée croyez-moi, il réussira à force de travail ».
Alain SCHRICKE droit dans ses bottes, n’avait pas cédé aux plaintes de ma mère.
.Je n’ai pas entendu le reste du discours, enivré par cette appréciation, formulée par un maître que j’admirais plus que tous les autres. J’ai compris des années plus tard que cet helléniste à la mémoire prodigieuse, qui roulait en mobylette, et racontait l’Illiade comme un envoyé spécial à Troie, avait eu la volonté de me tirer d’affaire avec équité, exigence et rigueur. J’évoque cette époque pour la première fois avec une émotion intacte, et une gratitude que j’aurais voulu lui témoigner d’homme à homme.
Il m’a aussi transmis que, plus que le talent et les facilités des uns et des autres, ça n’est que l’effort répété qui est la clef de tout. Photographe portraitiste depuis des années, j’ai croisé un nombre incalculable de personnalités dans les domaines les plus variés. Tous ceux qui ont fait carrière n’étaient que rarement des surdoués, mais des hommes et femmes qui avaient surement dû rencontrer sur leur chemin, un professeur comme Alain SCHRICKE.
Monsieur SCHRICKE, des années plus tard, je vous suis infiniment reconnaissant de m’avoir collé avec beaucoup de persévérance.
Ses dates aux Roches
68-70 : Le Moulin à avec Marie-France FILLETTE
71-73 : Les Coteaux avec Jean-Marie BOUSSION
74-78 : Les Pins avec le Colonel Jehan MAYMIL
Légende des photos :
GMZ en train de photographier
Laetitia CASTA,
Christophe,
Charlotte RAMPLING,
Ivry GITLIS,
Alexandre DOUGUINE
Monica BELLUCCI
Léa SEYDOUX
Celui de GMZ en train de photographier
Son CV
11 Mai 1960 : Naissance à la clinique du Belvédère
1968 : Année d’arrivée aux Roches
1978 : Baccalauréat à l'École des Roches
1979-1980 : Préparation Math Sup à JEANSON de SAILLY
1981-1983 : Licence de Musicologie à la Sorbonne
1984-1985 : Assistant de production à la Metro Goldwyn Mayer à Los Angeles
1986 : Premières photographies aux Studios Harcourt
1990 : Photographe de plateau sur le film « A Star Fot Two » avec Lauren BACALL et Anthony QUINN
2004 : « Simply I » ma première expo à Paris et Beijing au profit de l’Unicef et du Sidaction
2011 : Exhibition « Know By Heart » rue Royale à l’espace l’Oréal
2020 : « Better Future Project » projet réunissant les grands acteurs du luxe, Giorgio ARMANI, Diego Della VALLE, etc… en collaboration avec Esquire China
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